Les 37e Journées de la Société de l’Information Psychiatrique qui ont eu lieu à Antibes du 4 au 6 octobre 2018, et dont l’Évolution psychiatrique était partenaire, étaient cette année consacrées au thème des psychoses émergentes.
Ce colloque a été l’occasion de consacrer cet acronyme, employés par les équipes francophones depuis le milieu des années 2000, et qui mobilise un intérêt scientifique depuis les travaux des équipes de Mc Gorry. Il correspond, selon les termes de Suzanne Parizot, « au découpage d’un moment clinique centré sur l’éclosion de trouble du jeune sujet, évoquant la possibilité d’une évolution vers une psychose classique. » [1] Cette expression neuve mais « générique » se veut à la fois une prise de distance par rapport aux classifications contemporaines et le contraire d’un destin. Il s’agit de reconnaître l’existence de signes pathologiques mais de refuser que ceux-ci signent une évolution inéluctable.
Ce terme de psychose émergente vient après beaucoup d’autres : bouffée délirante, psychose aiguë, premier épisode psychotique, crise psychotique, psychose débutante, psychose naissante, risque psychotique, transition, etc. Ce besoin de nouvelles nominations en psychiatrie n’est pas sans consacrer un certain mirage de l’innovation. Tous ces termes tentent de définir, dans des acceptions différentes, une frontière. Une frontière ou un passage entre deux états, le normal et le pathologique, entre la santé et la psychose. Cette multiplication de termes, vient sans doute aussi dire quelque chose d’une étiopathogénie qui reste imprécise, et dont les hypothèses fonctionnelles restent toujours en attente de confirmation. (Fl. Askenazy). Faute d’une conception plus aboutie du trouble mental, ce renouvellement de termes reste cependant impuissant à proposer une clinique rénovée tant qu’elle ne peut prendre appui sur la psychopathologie dynamique.
La Société de l’Evolution Psychiatrique y présentait comme chaque année un symposium de trois interventions, à une table présidée par le Dr Pierre Chenivesse.

Sophie Raymond, PH à l’UMD Henri Collin et Eric marcel ont présenté une étude sur les « Passages à l’acte inaugural et entrée dans la psychose », s’appuyant sur un recensement de plusieurs cas du service. Manuela De Luca a exposé une recherche autour de l’engagement clinique des soignants favorisant la qualité et l’adhésion des soins aux patients autour du premier épisode psychotique. Enfin, Clément Fromentin a présenté une étude de la théorisation du déclenchement psychotique aux différents moments de l’enseignement de J. Lacan.
[1] Parizot, S. Psychose émergente, L’information psychiatrique, 2009/5 (Volume 85)