Fin janvier, grâce à l’amabilité de Catherine Leveille et de son équipe, c’est la bibliothèque Henri Ey de Sainte-Anne qui accueillait une soirée de l’Evolution psychiatrique consacrée pour une part à la présentation du dernier numéro paru de l’Evolution, pour une autre part à la remise du prix de l’Évolution psychiatrique.

Le Dr Manuela De Luca, qui possède une grande expérience dans le domaine de la clinique adolescente et du Hikikomori, a présenté le dernier numéro qu’elle a coordonné autour de la psychopathologie du virtuel, qui comprend notamment des contributions de S. Missonnier, de M. Stora. Les thématiques du virtuel, des réseaux sociaux, des addictions des jeux vidéos sont de nouvelles modalités de rapport aux autres et à soi-même qui possèdent une importance cruciale pour la construction adolescente et qui nécessitent d’être articulés pour que le discours psychopathologique soit à la hauteur des enjeux de l’époque. Dans cette perspective, le Dr Xanthie Vlachopoulou a de son côté présenté une recherche en cours sur un groupe de parole autour des jeux vidéos.

Le prix de l’Évolution psychiatrique 2018 a ensuite été remis à Hervé Guillemain par P. Chenivesse, président du jury, pour son ouvrage : Schizophrènes au XXe siècle, Des effets secondaires de l’Histoire, publié par Alma Editeur, 2018. C’est le Dr Jean Garrabé, auteur d’une histoire de la schizophrénie qui a en a été le discutant.
Fondée sur une plongée dans les archives des dossiers de patients hospitalisés au XXe siècle (Hôpitaux de la Sarthe, de l’Orne, de Maison Blanche, etc), l’ouvrage propose point de vue inédit sur l’histoire de la schizophrénie. Il cherche à constituer une histoire du diagnostic de schizophrénie comme expérience subjective et comme réalité sociale et pas seulement comme catégorie scientifique. Il montre ainsi comme le terme de schizophrène a pu être nommé la déviance aussi bien dans le domaine politique que social : « Loin d’être une entité pure, stable et universelle, la schizophrénie telle qu’elle émerge dans les archives françaises de la première moitié du XXe siècle s’avère à la fois changeante, puisque la maladie évolue au gré des médications, des prises en charge, de la réaction des sujets, mais aussi surdéterminée socialement. » ([3], p. 283). Les figures de l’immigré (chap.4), de la jeune femme qui cherche à s’émanciper socialement (chap. 2) et de l’adolescent rebelle (chap. 6) sont autant de sujets en en controverse par rapports critères sociaux et H. Guillemain montre comment ils ont été prioritairement diagnostiqués schizophrènes et transférés dans de nouveaux espaces de relégation.
