Vol 84 – N° 1 – janvier 2019 P. 1-248
Dossier : Soi/ Non soi
Éditorial
Page :1-3
Renaud de Beaurepaire, Fabien Agneray
Soi et soi/être, de la bactérie au salience network
Self and self-being, from the bacteria to the salience network
Page :5-24
Renaud de Beaurepaire
Résumé
Objectifs
La notion de soi reste difficile à définir. L’objectif de cet article est de chercher à mieux comprendre ce qu’est le soi en retraçant son évolution depuis les origines, et en se focalisant sur la distinction soi/non-soi. L’idée étant que la distinction soi/non-soi est une constante primaire et fondamentale dans la construction des organismes.
Méthodes
On retrace rapidement l’évolution de la distinction soi/non-soi depuis les bactéries jusqu’à l’être humain dans les deux grands systèmes où l’existence d’un soi apparaît essentielle, le système immunitaire et le cerveau.
Résultats
L’organisation du soi immunitaire est encore largement incomprise. Il apparaît que le soi doit être appréhendé à différents niveaux, celui du stockage des mémoires et celui de leur supervision. Dans le cerveau, il est aussi nécessaire de distinguer un soi préconscient et un soi en action que l’on appelle le soi/être. Pour illustrer la notion de soi/être, on analyse ce qu’il pourrait être dans la compulsion à boire chez les personnes dépendantes à l’alcool.
Discussion
La construction du soi paraît se faire en utilisant des mécanismes sensoriels de transformation du non-soi en soi, et des mécanismes exécutifs d’exclusion du non-soi. Le premier mécanisme construit un système de représentations du non-soi qui permet d’être en permanence prêt à être confronté à l’environnement. Le second mécanisme repose sur la capacité à faire des choix, sur le modèle « ceci c’est moi, cela ce n’est pas moi » ; dans le cerveau, il pourrait consister en un processus exécutif utilisant le soi/être, qui est cet instant où un objet est choisi et occupe seul l’espace du soi en acte ; on propose que le support biologique de ce choix en acte – le soi/être – est le salience network.
Conclusion
L’étude de l’évolution du soi depuis les origines, en se focalisant sur la distinction soi/non-soi, pourrait être un moyen de mieux comprendre la nature du soi.
Mots clés : Soi, Non-soi, Biologie, Immunologie, Cerveau, Cognition, Danger, Soi/être
De Freud à Benedetti : variations sur la distinction soi non-soi dans la situation psychanalytique avec des patients schizophrènes
From Freud to Benedetti: Variations on the distinction between self and non-self in psychoanalytic contexts with schizophrenic patients
Page :25-32
Christophe Chaperot
Résumé
Objectif
La distinction strictement délimitée entre « soi » et « non-soi » se propose comme une évidence simple, de même que la dichotomie « sujet-objet ». Mais cette distinction ne résiste pas longtemps à l’examen surtout dans les domaines de l’intersubjectivité. Les psychanalystes qui exercent avec des patients schizophrènes sont particulièrement sensibles à ces questions dans la mesure où le type de transfert comprend une influence importante du fonctionnement psychique du patient sur celui du thérapeute, avec des vécus où les psychés semblent communiquer étroitement et au-delà former un inconscient commun, principalement étudié par Gaetano Benedetti. L’objectif de ce travail est de reprendre les conceptions des principaux auteurs pour montrer la spécificité du travail psychothérapeutique orienté par la psychanalyse avec les patients schizophrènes.
Méthodes
Les thèses ou théorisations des principaux auteurs analystes qui élaborent leurs pratiques avec des patients schizophrènes seront rappelées et contextualisées, afin de tenter d’en extraire la logique.
Résultats
Il apparaît que l’ensemble des auteurs considère la spécificité du transfert dans la schizophrénie comme reposant sur un transfert « de psychopathologie » (expression de Benedetti), ne prenant pas sa source de l’actualisation d’un désir sur la Personne de l’analyste incarnant alors un imago, mais sur une circulation de l’archaïque que l’analyste doit accueillir psychiquement et traiter. Cet accueil de l’archaïque, inconscient, amène l’analyste à se trouver habité par les vécus de son patient et tout son effort sera de les décoder, détoxifier, pour les restituer sous une forme organisée par sa propre créativité. Le principe même de la thérapie repose sur la subversion assumée et favorisée de la distinction habituelle « soi » « non-soi ».
Discussion
Il résulte de ces éléments une éthique particulière inhérente au travail thérapeutique avec des patients schizophrènes : celle d’accepter l’intrusion psychique inconsciente autrement dit de ne pas se réfugier derrière un « négativisme soignant » trop rationnel ou « professionnel ». Ce type de travail nécessite la pratique de la supervision qui permet de retrouver certains contenus psychiques du patient qui auraient échappé au thérapeute et de les soigner.
Conclusion
La spécificité du transfert psychotique implique une pratique qui amène le thérapeute à accueillir la psychose de son patient dans sa propre psyché et d’en faire sa propre maladie à soigner, dans une totale subversion des limites « soi » « non-soi ».
Mots clés : Schizophrénie, Transfert, Psychothérapie, Psychanalyse, Benedetti G
Délire, Self et Neuroleptique. Approche phénoménologique de l’effet des neuroleptiques
Delusion, Self and Neuroleptics. A phenomenological approach to the effects of neuroleptics
Page :33-47
François Monville
Résumé
Objectifs
Décrire les modifications du délire induites par les neuroleptiques dans la schizophrénie. Tenter de les comprendre en les corrélant à certains aspects des troubles du Self.
Méthode
Exposition de six cas définis comme schizophrénie selon le DSM-5 et en rémission selon les critères standardisés après la prise de neuroleptique. Montrer par une approche descriptive et rétrospective les différentes évolutions cliniques du délire. Etablir des liens entre le délire et certains troubles du Self.
Résultats
Pour chaque cas la prise du neuroleptique permet un changement manifeste dans l’évolution du délire. La thématique du délire est chaque fois différente et persiste parfois avec le traitement. Tous ont un vécu d’interprétativité. Des symptômes schneideriens et des troubles de l’ipséité se retrouvent dans toutes les situations mais leur distribution est hétérogène tout comme leur changement avec le traitement. Pour les cas où les symptômes sont le plus marqués, les idées délirantes sont les plus bizarres et persistent avec le traitement.
Discussion
Les neuroleptiques ont un effet sur la forme globale plutôt que sur un trait défini. Les modifications sont visibles sur la triade rapport à Soi, rapport aux autres, rapport au Monde. Le rapport du sujet au délire et l’apparition d’un Je sont les éléments les plus importants.
Conclusion
L’exploration phénoménologique de l’évolution du délire suite à la prise de neuroleptiques met en évidence son lien avec le changement global du rapport du sujet à Soi, aux autres et au Monde. Cette approche descriptive montre aussi les modifications de certains aspects du Self. Ce travail montre l’intérêt de poursuivre l’étude de la modification de différents aspects du Self par les neuroleptiques pour comprendre les mécanismes d’actions des médicaments sur la psychopathologie de la schizophrénie.
Mots clés : Schizophrénie, Neuroleptique, Self, Ipseité Disorder, Délire, Phénoménologie, Psychose, Antipsychotique
Enjeux et travail de frontière : approche métapsychologique des limites
The challenges of working at the frontier: A meta-psychological approach to borders
Page :49-68
Manuella De Luca, Estelle Louët, Hélène Suarez-Labat
Résumé
Objectif
Il s’agit de réinterroger le concept de limite dans les champs psychopathologique et psychanalytique au-delà d’une centration nosographique sur la catégorie de trouble borderline de la personnalité. Adoptant une approche conceptuelle, notre propos se centre sur une forme particulière de limite que sont les frontières. La notion de frontière permet à la fois de dépasser une approche purement linéaire, bidimensionnelle induite par le terme de limite et de promouvoir une approche dynamique et processuelle.
Méthode
La notion de frontière fait l’objet de nombreux débats et s’inscrit dans une réflexion sur la spatialité de l’appareil psychique. Freud l’a associée à la pulsion et au moi comme être de frontière. P. Federn a prolongé ces travaux en s’intéressant aux frontières du moi et à leur fluctuation notamment dans la schizophrénie et la dépersonnalisation. D’autres concepts participent à la compréhension de la délimitation de l’appareil psychique : le pare-excitation proposé par Freud, les barrières travaillées par Bion et dans le domaine des troubles autistiques et le moi-peau de Didier Anzieu.
Résultat
La notion de frontière met en tension l’espace bi- et tri-dimensionnel, ligne de démarcation et lieu de passage, zone de conflit et de transformation, trophicité et toxicité. Elle souligne l’importance d’être plus qu’une simple ligne, mais un espace véritable, lieu psychique en construction. Elle nous permet de dégager l’idée d’enjeux et de travail de frontière. Les enjeux de frontière concernent la délimitation et la différenciation dedans/dehors et en interne celle des différents espaces ou instances psychiques. Le travail de frontière, travail psychique de transformation, de mise en tension, de conflictualisation et de confrontation à un au-delà du moi, du corps et du langage.
Discussion
Les enjeux de frontière aboutissent à la délimitation interne/externe et à la différenciation : bon à l’intérieur et mauvais à l’extérieur et en garantissent la protection. Ils se prolongent dans le travail de frontière : la frontière délimite les contenants mais elle participe aussi à l’intégration du contenu. Dans sa dynamique, le travail de frontière participe à la transformation de l’excitation, dont la valeur paradigmatique est soutenue : passage de frontières qui poussent aux changements. Le travail de frontière est particulièrement sollicité à l’adolescence, mais il perdure tout au long de la vie et peut favoriser ou entraver les processus de changement, il peut se rigidifier, se scléroser, limitant alors la dynamique psychique, et participer à la genèse des symptômes.
Conclusion
Penser les limites en termes de frontière permet de rendre compte des processus psychiques engagés tout au long de la vie dans la délimitation et la transformation de l’appareil psychique. L’attention portée aux enjeux et au travail de frontière, dans leur fonction transformationnelle mais aussi dans leurs points de butée, soutient une approche dynamique du fonctionnement psychique, sur un continuum entre normal et pathologique. La frontière, en tant que forme particulière de limite, offre une lecture originale des processus sous-jacents à l’expression contemporaine de la souffrance psychique et dynamise l’approche nosographique.
Mots clés : Frontières, Limites, Barrières, Enveloppe psychique, Travail de frontière, Adolescence
Les frontières psychanalytiques du moi : Freud, Klein, Winnicott, Lacan
The psychoanalytical boundaries of the Ego: Freud, Klein, Winnicott, Lacan
Page :69-101
Thomas Lepoutre, Isabel Victoria Fernandez, Fanny Chevalier, Marie Lenormand, Nicolas Guérin
Résumé
Objectifs
Parce que les frontières communément admises du moi et du non-moi se trouvent naturellement fragilisées par l’expérience de la psychanalyse, comme le révèle d’emblée l’adage freudien Wo Es war, soll Ich werden, le présent texte entend redessiner la cartographie des problématiques du moi et de ses frontières dans la théorie psychanalytique. L’enjeu en est à la fois de préciser le portrait métapsychologique du moi, tel qu’il se dessine, en sa genèse, ses contours, ses limites, chez les principaux représentants de la théorie psychanalytique, et de montrer en quoi cette même théorie renouvelle par ailleurs un certain nombre de problématiques dans l’abord du moi.
Méthode
Pour ce faire, en plus d’une interrogation portant sur le corpus fondateur de Freud, l’article confronte, en un même espace, la pluralité des pistes développées par trois référents majeurs dans le champ analytique — Melanie Klein, Donald Winnicott et Jacques Lacan. Si Freud introduit en effet un certain nombre d’interrogations décisives relatives aux limites du moi, une lecture comparative de Klein, de Winnicott et de Lacan, met en valeur ce qui s’en trouve confirmé et prolongé, ce qui s’en trouve infléchi et révisé, ce qui s’en trouve dépassé et renouvelé.
Résultats
L’examen du corpus freudien permet de problématiser la situation du moi auquel se trouvent assignées ces triples limites : 1) intrasubjectives, en tant que le moi est ouvert sur le ça mais séparé « de manière tranchée » du refoulé ; 2) extrasubjectives, en tant que le moi se constitue en s’opposant à la réalité du monde extérieur ; 3) intersubjectives, en tant que le moi se vit, dans son rapport à l’autre, comme séparé de l’objet tout en étant l’objet d’une série d’identifications constituantes. Dans ces trois directions, les limites se trouvent profondément remaniées par les apports de Klein, de Winnicott et de Lacan, qui renouvèlent, chacun à leur manière, la problématique du moi et du non-moi selon qu’ils privilégient et prolongent telle ou telle des intuitions de Freud.
Discussion
Indiquer entre ces quatre auteurs les grandes convergences, et creuser par ailleurs leurs différences, permet de marquer l’originalité respective de chacune de leurs contributions. C’est aussi la continuité insistante dans la théorie psychanalytique de certaines problématiques relatives à la séparation entre l’instance du moi et le sujet de l’inconscient, entre le moi et la réalité, entre le dehors et le dedans, entre le sujet et l’objet, entre l’ego et l’alter ego, qui s’en trouve éclairée.
Conclusions
C’est finalement l’éclatement du Ich freudien et la dispersion des problématiques qui s’ensuit chez les post-freudiens privilégiant chacun telle ou telle piste en vertu des spécificités de leurs paradigmes cliniques, qui permettent de concevoir pleinement l’étendue du problème du moi dans la psychanalyse.
Mots clés : Moi, Self, Objet, Sujet, Réalité, Inconscient, Topique, Théorie, Psychanalyse, Freud S., Klein M., Winnicott DW., Lacan J.
Le soi et le non soi comme problème phénoménologique posé à l’expérience psychiatrique
Self and non-self as a phenomenological issue for psychiatric experience
Page :103-112
Jean Naudin, Michel Cermolacce, Raoul Belzeaux, Brice Martin, Marie Degrandi
Résumé
Objectifs
Soi et non soi sont indissociables. Nous ne pouvons pas considérer le problème du soi comme s’il était une entité séparée des autres et du monde.
Méthodes
Mettre entre parenthèses la question de la commensurabilité des disciplines permet de faire des ponts en les comprenant dans le monde de la vie. La phénoménologie situe constitution et maintien du soi à l’interface avec le non soi, depuis le soi biologique, ou Endon, jusqu’au soi narratif et incarné de la Daseinsanalyse.
Résultats
Le soi est ancré affectivement dans le recoupement du corps porteur et du corps en apparition. Sa positionnalité est excentrique. L’action psychothérapique vise le soi par la parole mais aussi son ancrage corporel. Un courant de la phénoménologie psychiatrique s’attache à décrire la schizophrénie comme trouble primaire du sens de soi, à son niveau basique, préréflexif : Parnas, Sass et Bovet explorent la notion, critiquable philosophiquement mais pertinente cliniquement de soi minimal (ipséité), en lien avec une conscience de soi excessive (hyper-réflexivité). D’autres perspectives, critiques et plus existentielles, rappellent que le concept d’ipséité est aussi rattaché à l’espace intersubjectif, au temps et à l’affectivité.
Discussion
On ne peut se saisir soi-même en se différenciant du non soi autrement que par de multiples récits de soi, posant conjointement les questions de l’identité, de la liberté et de l’autonomie, de la lutte pour la reconnaissance.
Conclusion
Le soi est à double face – soi et on à la fois, suivant la dialectique ipséité et mêmeté et conduisant à l’opposition clinique de deux pôles : mélancolique et schizophrénique. On peut en extraire une typologie du soi rattachant l’action thérapeutique à la compréhension du monde de la vie
Mots clés : Psychiatrie, Phénoménologie, Daseinsanalyse, Schizophrénie, Self, Non-self, EASE, Typologie
L’ipséité et le Soi – Approches phénoménologiques et cliniques
Ipseity and Self – Phenomenological and clinical approaches
Page :113-126
Georges Charbonneau
Résumé
Objectif
L’ipséité (autre nom du Soi) est un concept central et précis pour la psychopathologie des psychoses, des névroses et personnalités pathologiques. Ce travail veut donner un statut à ce concept et montrer comment il sert à comprendre les troubles psychotiques, les troubles graves de la personnalité et les grandes crises de l’existence.
Méthode
Esquisser une généalogie du concept, proposer une conception dynamique de l’identité humaine (identité ipsé ou idem) et montrer ses altérations possibles dans les psychoses. Différencier les niveaux d’altération de l’identité humaine et comment les symptômes psychiatriques peuvent se comprendre comme des tentatives de recomposition de cette ipséité altérée.
Résultats
Notre travail converge vers un paradigme d’une grande importance : les psychoses peuvent se comprendre comme des formes d’altération de la structure d’ipséité. Il envisage un certain nombre de grandes situations cliniques pour illustrer la portée de ce paradigme.
Discussion
Ce paradigme montre sa pertinence pour un enrichissement d’une réflexion clinique incluant des repères et des fondements anthropologiques et pas seulement psychologiques. Il n’exclut aucune autre lecture de la psychopathologie, de l’apport des neurosciences et de la réflexion éthique.
Conclusion
Le Soi s’avère comme un incontournable de la psychiatrie. Que nous restions dans la clinique générale des psychoses, des troubles graves de la personnalité ou du traumatisme, que nous employons les références psychanalytiques ou de thérapies familiales, le Soi devient l’instance de référence par laquelle une certaine forme de subjectivité redevient pensable.
Mots clés : Ipséité, Soi, Prépsychologique, Réflexivité, Psychose
Entre soi et non-soi, l’espace de la rencontre. La paradoxalité du vivant
Between self and non-self, the space for encounter. The paradoxality of living
Page :127-138
Philippe Jeammet
Résumé
Objectifs
Il existe chez les êtres humains un paradoxe qui est que d’un côté ils se nourrissent des autres alors que de l’autre ils ont une conscience réflexive par laquelle ils affirment leur différence. L’objectif de cet article est de montrer comment ce paradoxe peut ouvrir sur une vision particulière des troubles psychiatriques.
Méthodes
Le paradoxe est analysé chez les adolescents, qui sont ici appréhendés comme des révélateurs des contradictions dont l’être humain est porteur. L’adolescence est en effet une période d’aménagements qui peut servir de modèle pour l’observation et la compréhension des réponses aux menaces de désorganisation de la personnalité et de tout ce qui entre dans le champ de la psychopathologie.
Résultats
Chez les adolescents, la destructivité est une réponse toujours possible face aux débordements émotionnels. Chez les plus vulnérables, les conduites d’emprise (groupes, bandes, sectes) sont souvent une façon de préserver l’unité du soi et de retrouver un rôle actif. Les troubles psychiatriques peuvent alors être vus comme des conduites adaptatives de défense du territoire.
Discussion
La conscience réflexive permet que naisse le sentiment de continuité de l’être, et que se différencient un dedans et un dehors, un soi et un non soi, matrices de l’identité. Les conduites adaptatives ne sont pas si folles du point de vue du sujet, elles deviennent pathogènes quand elles sont destructrices des liens. Le basculement vers la créativité ou la destructivité peut dépendre de la qualité des rencontres de l’adolescent avec des personnes significatives, qu’il s’agisse de la famille, des pairs ou du milieu soignant/éducatif. Il y a ainsi des stratégies à savoir mettre en œuvre pour renforcer les assises narcissiques et le sentiment pour chacun d’avoir une valeur, pour soi et pour les autres.
Conclusions
Ce sont aux adultes de témoigner de leur confiance en la vie et en l’adolescent avec la certitude qu’il y a d’autres moyens pour exister que de devenir son propre bourreau.
Mots clés : Adolescence, Conscience, Réflexivité, Destructivité, Émotion, Comportement, Adaptation
L’émersion de l’insoi nanopsychiatrique
Emergence of a nanopsychiatric inself
Page :139-149
Bernard Andrieu
Résumé
Objectifs
Cet article évalue comment la naissance de la nanopsychiatrie repose sur de nouvelles techniques et paradigmes qui viennent remettre en cause la différence entre le soi et le non-soi, jusque-là critère de l’identité personnelle et de la conscience de soi.
Méthodes
L’article est structuré en quatre parties : 1. Poser le problème du soi et du non-soi dans le nouveau contexte nanotechnologique ; 2. Les méthodologies actuelle en nanotechnologie ; 3. Les résultats en termes d’augmentation capacitaire 4. La discussion sur la production d’un insoi nanopsychiatrique.
Résultats
Les résultats exposent les avancées sur le lien entre troubles psychiatriques et nanotechnologies.
Discussion
La discussion porte sur la portée de l’insoi nanopsychiatrique et les modifications dans la conscience du soi face à des productions émersives et inédites dans son propre corps vivant.
Conclusion
La conclusion précise les limites de l’insoi nanopsychiatrique
Mots clés : Soi, Non-soi, Insoi, Nanopsychiatrie
Lucie et sa famille : une étude psychopathologique de l’effet fantôme chez deux cousins germains issus de sœurs jumelles
Lucie and her family: A psychopathological view of a ghost effect concerning two first cousins born from twin sisters
Page :151-164
Lise Turdeanu
Résumé
Objectifs
Cette étude s’attache à décrire une situation clinique rare partagée par une jeune patiente et son cousin germain, tous deux issus de sœurs jumelles : des hallucinations acoustico-verbales non psychotiques mais d’origine transgénérationnelle. Nous proposerons une lecture psychopathologique d’un effet fantôme opérant dans cette famille à partir du cadre conceptuel de la « hantise généalogique », élaboré par Maria Torok et Nicolas Abraham.
Méthode
Une jeune patiente hospitalisée, en psychiatrie pour des idées et des comportements autolytiques ainsi que des hallucinations (injonctions de se faire du mal), a été rencontrée avec la constellation familiale, en particulier avec son cousin qui rapportait avoir des hallucinations similaires. Nous avons tenté d’analyser ce phénomène en termes d’effet fantôme et de circonscrire l’origine de la crypte, dont nous avons fait l’hypothèse qu’elle était commune aux deux mères, et responsable d’une transmission inconsciente des jumelles à leurs enfants, faisant retour chez eux à travers les hallucinations. Le texte de cet article était élaboré de manière concomitante ; un exemplaire a été remis à la patiente à sa demande, qui en a fait la lecture à sa mère.
Résultats
Les entretiens familiaux ont permis, tandis que nous progressions dans la connaissance de l’histoire familiale, de mettre en lumière les symptômes de la patiente au regard du passé des jumelles, marqué par la perte de leur propre mère ; de lever certains non-dits qui entravaient lourdement l’introjection et la symbolisation d’une histoire traumatique. La situation thérapeutique d’écrire et de faire lire a pu permettre le passage de secrets clivés non verbaux à une forme par le verbe, l’élaboration et la symbolisation. Elle s’est accompagnée d’un amendement durable de la symptomatologie chez la patiente comme chez son cousin, et perdurant plus de huit mois après l’arrêt de tout traitement.
Discussion
Les substrats sous-tendant de tels phénomènes sont nécessairement difficiles à élucider, vu le caractère transsubjectif de l’exercice de décryptage des opérations symboliques qui régissent la vie psychique d’une famille (les souvenirs rapportés n’en étant jamais que leur reconstruction). Le rôle fondamental des interactions précoces dans la construction métapsychologique de l’« enfant-thérapeute » a été identifié par Ferenczi. Freud en appelle à une empreinte mnésique sous-tendant une certaine forme de contrainte émanant des générations antérieures, et donnant l’impression d’une répétition du traumatisme à travers les générations.
Conclusion
L’intérêt de l’approche transgénérationnelle des secrets de famille peut élargir la compréhension de productions pathologiques bizarres, ainsi que de certains phénomènes psychotiques. Sa méconnaissance peut conduire à des diagnostics par excès de dépressions, de troubles de la personnalité, de deuils pathologiques, voire de schizophrénie. D’importants espoirs thérapeutiques peuvent être soulevés dans le cadre d’une psychothérapie d’approche analytique se situant dans cette lignée.
Mots clés : Transgénérationnel, Transmission psychique, Secret de famille, Deuil, Traumatisme psychique, Cas clinique, Psychopathologie, Hallucinations auditives, Automatisme mental, Après-coup, Subjectivation
Réflexions sur un cas d’érotomanie associée dans la perspective freudienne du délire comme « tentative de guérison » dans la psychose
Reflections on a case of erotomania, in the Freudian perspective of delusion as an “attempt to cure” in psychosis
Page :165-183
Jessica Tran The
Résumé
Objectif
L’objectif de cet article est de confronter la conception non déficitaire du délire soutenue par la psychanalyse au réel de la clinique, à partir de l’étude de la construction délirante d’une patiente érotomane. Il s’agira donc notamment de mettre à l’épreuve d’un cas clinique une hypothèse théorique freudienne, la perspective du délire comme tentative de guérison dans la psychose. Dans cette étude, nous chercherons également à montrer comment les développements lacaniens sur les formules de la sexuation et le concept de pousse-à-la-femme, conçus dans cette logique freudienne du délire comme tentative de guérison, peuvent également permettre d’éclairer certains aspects de la position érotomaniaque. Nous tenterons donc de mettre en évidence en quoi le délire érotomaniaque peut présenter des effets stabilisateurs et apaisants pour la patiente, par rapport aux composantes relevant du délire de persécution.
Méthode
Notre méthode impliquera dans un premier temps une revue historique de la conception de l’érotomanie dans la psychiatrie classique, afin de retracer la définition progressive de cette entité clinique dans la nosographie. Nous étudierons ainsi les premières définitions proposées par Esquirol, qui mettait l’accent tout comme Ball sur le caractère chaste des érotomaniaques et sur l’absence de désir de réalisation, pour montrer la tension qui apparaît entre cette conception et les descriptions médico-légales données par Garnier puis Portemer, qui soulignaient au contraire la dangerosité des érotomanes et le risque de passages à l’acte violents. Cette revue historique nous amènera également à étudier les spécificités des thèses défendues par De Clérambault, qui avait isolé l’érotomanie comme entité autonome et indépendante de la paranoïa, alors que la plupart de ses contemporains considéraient le délire érotomaniaque seulement comme l’une des thématiques possibles du délire paranoïaque ou à évolution systématisée. Nous présenterons ensuite les spécificités de l’approche psychanalytique du délire érotomaniaque, à partir de l’étude de la « grammaire » du délire proposée par Freud, puis des développements lacaniens sur la forclusion et les formules de la sexuation. Enfin, nous adopterons la méthodologie de l’étude de cas unique, afin de montrer les ressorts singuliers de la construction délirante chez une patiente psychotique.
Résultats
Les résultats de cette étude auront été de mettre au jour le caractère diachronique et progressif de sa construction délirante, à travers l’étude de l’anamnèse de cette patiente, et de déceler les aménagements singuliers et apaisants que peut parfois receler la position érotomaniaque pour un sujet psychotique, en accord avec la perspective freudienne du délire comme tentative de guérison. Nous aurons également pu montrer comment le recours à la théorie lacanienne des formules de la sexuation et au concept de pousse-à-la-femme permet d’éclairer les mécanismes de cet effet pacifiant de la composante délirante érotomaniaque.
Discussion
Notre discussion portera sur la possibilité d’établir une analogie entre la construction délirante de cette patiente et celle opérée par le Président Schreber, que Lacan avait qualifiée de « pousse-à-la-femme ». Il s’agira de considérer comment les aspects pacificateurs de la position érotomaniaque peuvent être conçus comme relatifs au traitement économique de la jouissance permis par une position où le sujet viendrait incarner la figure de « La femme » comme exception. La position érotomaniaque aurait ainsi des effets stabilisateurs chez cette patiente dans la mesure où elle opère une pacification du rapport à l’Autre, qui relèverait d’un consentement à se faire l’objet de sa jouissance – cette position venant en opposition dialectique avec le délire de persécution.
Conclusion
En conclusion, on peut souligner la pertinence clinique de l’hypothèse freudienne du délire comme tentative de guérison dans la psychose, qui permet de concevoir la construction délirante d’un sujet singulier dans une perspective non déficitaire. Les formulations lacaniennes sur les formules de la sexuation et le pousse-à-la-femme peuvent également être conçues dans le prolongement de cette conception non déficitaire. Néanmoins, nous mettons en garde contre toute portée généralisante de cette étude, dans la mesure où toutes les constructions délirantes érotomaniaques ne relèveraient pas d’un effet de pousse-à-la-femme, et n’impliqueraient pas dans tous les cas une portée stabilisatrice. Notre article aura seulement cherché à mettre au jour les ressorts de la construction diachronique de cette position érotomaniaque dans un cas singulier, mais cette étude ne doit pas occulter que toute construction délirante érotomaniaque ne présente pas nécessairement ces effets stabilisateurs. Néanmoins, dans la mesure où l’érotomanie est une composante majeure du transfert psychotique, revenir à l’étude du délire érotomaniaque par une revue de la littérature psychiatrique et psychanalytique et par l’étude du cas de cette patiente nous semble d’un intérêt fondamental, qui pourrait permettre par la suite d’éclairer la question du maniement du transfert dans la cure des patients psychotiques.
Mots clés : Érotomanie, Délire, Freud S, Lacan J, Jouissance, Psychose, Revue de la littérature, Psychiatrie, Psychanalyse, Cas clinique
À propos d’un trouble de l’évidence corporelle dans l’anorexie
The body in anorexia: A phenomenological approach
Page :185-197
Hubert Wykretowicz, Michael Saraga, Friedrich Stiefel
Objectifs
Les approches cognitivistes de l’anorexie insistent sur l’image déformée du corps chez les patients. L’expérience corporelle est ainsi réduite à sa représentation mentale. Dans ce travail, nous proposons d’approcher l’anorexie selon une démarche phénoménologique. La phénoménologie, au contraire des approches cognitivistes, invite à considérer l’expérience corporelle à partir d’elle-même.
Méthode
En suspendant les abstractions explicatives (neurobiologiques, psychanalytiques, cognitivistes) et sur la base de deux cas cliniques, nous étudions la manière dont se réorganise le sens de l’expérience du sujet dans l’anorexie. L’analyse s’inspire des travaux phénoménologiques de Edmund Husserl et Jean-Paul Sartre, de la sociologie de Pierre Bourdieu et, plus indirectement, de la théorie de l’embodied cognition.
Résultats
L’analyse phénoménologique de l’expérience ordinaire permet de souligner la réduction, dans l’anorexie, du vécu corporel aux sensations et à la représentation mentale du corps. Les patientes souffrent moins d’une image biaisée du corps objectif que d’une perte de l’évidence corporelle, associée à un investissement massif de la représentation du corps. Par « évidence corporelle » est désigné le rôle du corps en tant que vecteur tacite de participation au cours du monde.
Discussion
Envisager l’anorexie comme perte de l’évidence corporelle conduit à interroger les conceptions cognitivistes qui négligent l’expérience corporelle au profit de sa représentation. La démarche cognitiviste redouble ainsi la stratégie anorexique, qui associe, à la perte de l’engagement charnel et sensuel dans le monde, un surinvestissement du corps représenté.
Conclusion
L’approche phénoménologique de l’expérience anorexique nous conduit à bien distinguer le corps souffrant et agissant de la notion d’« image mentale », que l’on substitue trop souvent à l’expérience vive du corps propre. D’une manière générale, elle invite ainsi à se tenir au plus près de la constitution de l’expérience subjective.
Mots clés : Phénoménologie, Anorexie, Corps, Représentation, Image du corps, Cas clinique
Tel qu’en lui-même enfin l’Eternité le change. Notes sur le soi/non-soi et les avatars de David Bowie
Such as into himself at last Eternity changes him . Notes on me/not-me and David Bowie’s avatars
Page :199-206
Silke Schauder
Objectifs
Afin de contribuer à une métapsychologie de la création, l’auteur propose une analyse de la pratique artistique plurielle et subversive de David Bowie (1947–2016). L’objectif étant d’illustrer la tension dialectique entre soi et non-soi, en se basant sur les travaux de Donald W. Winnicott (1953), lequel a déterminé, dans le développement de l’enfant, les premières distinctions entre « me/not-me » qui participent à la naissance de l’objet transitionnel et, par là même, de l’activité culturelle.
Méthode
Pour mettre au travail ce concept, l’auteur analyse le corpus artistique de David Bowie – un des plus grands artistes du 20e siècle réunissant des pratiques aussi variées que chanteur, auteur-compositeur, musicien, danseur, acteur de cinéma et de théâtre, peintre.
Résultats
Après avoir examiné quatre aspects du soi/non-soi chez cet artiste – ses avatars dans son œuvre musicale, un de ses rôles cinématographiques dans L’homme qui venait d’ailleurs (1978), son interprétation théâtrale d’Elephant Man (1980), puis son clip Lazarus (2015) – il apparaît que la tension dialectique entre soi et non-soi est moteur, sur cinq décennies, de l’œuvre protéiforme de Bowie.
Discussion
Comme matrice des distinctions objectales ultérieures, le « me/not-me » winnicottien peut s’avérer heuristique pour saisir plus avant les processus de création et leur dynamique psychique.
Conclusion
Des recherches complémentaires devront être menées sur d’autres œuvres d’art en vue de vérifier ces premières hypothèses.
Mots clés : Winnicott DW, David Bowie, Métamorphose, Soi/Non-soi, Avatar
L’épigénétique comme partenaire de la psychiatrie : vers une approche personnalisée du patient
Epigenetics as a partner of psychiatry: Toward a personalized approach of the patient
Page :207-221
Sonia Kular, Lara Kular
Résumé
Objectifs
L’évolution de la psychiatrie repose notamment sur sa capacité à intégrer judicieusement les nouvelles connaissances scientifiques à la pratique clinique dans le but d’améliorer l’accompagnement des patients souffrant de troubles psychiatriques. L’objectif de cette revue est de repositionner la pratique clinique au sein de cette problématique à la lumière des récentes avancées scientifiques, en épigénétique plus particulièrement, qui s’intéresse aux modifications biochimiques apposées sur les gènes et régulant leur activité de façon durable.
Méthode
Notre méthode descriptive montre comment l’actuelle évolution scientifique en épigénétique apporterait de nouvelles clés de lecture de la complexité du psychisme, notamment dans son aspect dynamique.
Résultats
Les études épigénétiques démontrent le rôle crucial de l’environnement, notamment d’événements dits « stressants » apparaissant au cours de la vie d’un individu, dans la propension à développer un trouble psychiatrique, et ceci par une programmation épigénétique de gènes impliqués dans des systèmes neuropsychiques cruciaux comme les processus de réponse au stress, neurotransmission et survie neuronale. Les marques épigénétiques seraient potentiellement transmissibles à la génération suivante d’individus, principalement via une transmission intergénérationnelle comportementale. Elles seraient néanmoins réversibles et « rectifiables » par un environnement enrichi tel que l’intervention psychothérapeutique.
Discussion
Si la recherche épigénétique en psychiatrie converge vers les principes fondamentaux de la psychopathologie, elle soulève néanmoins, à ce stade émergent, des limites inhérentes au processus de démonstration et d’interprétation scientifique.
Conclusions
Ces découvertes en épigénétiques vont dans le sens d’une approche personnalisée du soin où le modèle biopsychosocial prend pleinement sa place aux côtés du modèle pharmacologique.
Mots clés : Psychiatrie, Épigénétique, Psychothérapie, Environnement, Modèle biopsychosocial
Forum
Entretien avec le Professeur Arthur Kleinman
Interview with the Professor Arthur Kleinman
Page :222-236
Arthur Kleinman, Nadine Racine
Objectif
Arthur Kleinman est professeur de psychiatrie, d’anthropologie médicale et d’anthropologie à l’université de Harvard. C’est une des figures majeures des champs de l’anthropologie médicale, de la psychiatrie transculturelle, de la santé globale et des humanités médicales. Son principal terrain d’étude est la Chine contemporaine. Outre de nombreux ouvrages collectifs et articles, il est l’auteur de plusieurs livres qui abordent ses thématiques de recherche. Le but de cet article est de mieux faire connaître ses travaux au lectorat français intéressé par les liens entre la médecine, la psychiatrie et les sciences sociales.
Méthode
L’article proposé ici est la retranscription, traduite de l’anglais, d’un entretien réalisé avec Arthur Kleinman en décembre 2017 au département d’anthropologie de l’université de Harvard.
Résultats
Il y retrace son parcours et développe ses thématiques de recherche : l’étude ethnographique de l’expérience des patients souffrant de maladies chroniques, les enjeux du diagnostic psychiatrique dans le champ de la psychiatrie transculturelle, l’approche de la santé globale à partir du champ théorique des sciences sociales, puis l’abord anthropologique du soin et sa place dans l’exercice de la médecine actuelle.
Discussion
Que peuvent apporter les sciences sociales à la médecine et à la psychiatrie ? Quelle est la situation de la santé mentale globale ? Quelle place occupe le soin dans la médecine actuelle ? Comment faire face à la logique gestionnaire qui la domine ?
Conclusion
Ces différentes questions sont abordées au travers du parcours et de l’engagement d’Arthur Kleinman pour l’ouverture du champ de la médecine et de la psychiatrie au champ des sciences sociales.
Mots clés : Psychiatrie, Anthropologie médicale, Stigmatisation, Santé globale, Santé mentale, Soin, Care, Vécu, Maladie, Relation thérapeutique, Sciences sociales
Ouverture
L’art de la médecine. Présence
The art of medicine. Presence
Page :237-241
Arthur Kleinman, Nadine Racine
Objectif
Le but de cet article est de faire mieux connaître les travaux récents d’Arthur Kleinman, professeur de psychiatrie et d’anthropologie médicale à l’université d’Harvard.
Méthode
L’article présenté ici est une traduction d’un article paru dans le journal The Lancet en 2017. Arthur Kleinman, alors tout juste retraité de son exercice clinique, revient sur son expérience clinique des soins et particulièrement sur l’importance de la notion de « présence » dans les soins.
Résultats
Il définit cette notion à partir des actes du soin lui-même et en référence aux champs de la sociologie, de l’anthropologie et de la représentation artistique. Il la contextualise ensuite dans le domaine professionnel et dans la sphère intime, familiale ou amicale. Il évoque sa fonction dans le soin de soi-même, altérée lors d’états pathologiques tels que la dépression et potentiellement impliquée positivement dans l’effet placebo et dans la prévention du burn out pour les professionnels de la santé.
Discussion
Comment redonner sa place au soin et à cette « présence » dans les soins dans un contexte marqué par des impératifs économiques et administratifs et par l’idéologie de la médecine basée sur des preuves ?
Conclusion
L’auteur propose que les qualités humaines des étudiants en médecine et en soins infirmiers soient mieux soutenues et valorisées. Il propose également de travailler à une meilleure évaluation de la qualité des soins, qui s’appuierait notamment sur des méthodes ethnographiques. Il insiste sur le rôle que la profession médicale a à jouer pour défendre ce qui devrait revenir au cœur de son exercice.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Mots clés : Présence, Soin, Care, Effet placebo, Burn out, Qualité des soins, Formation médicale, Relation thérapeutique
En couverture
Jérôme Pierre, La Cavale, 2009
Page :242-244
A propos de…
Husserl, hier et aujourd’hui. À propos de… « Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique » par Edmund Husserl
Page :245-248
Charles De Brito