Conférence du jeudi 6 novembre 2025 à 18h30 dans le cadre du Séminaire Des Idées en psychiatrie organisé par l’ASM 13 en association avec L’Evolution Psychiatrique, le Département de recherche en Ethique de l’Université Paris Sud / Paris- Saclay et l’Espace de réflexion éthique de la région Ile-de-France.
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Pour cette première séance du séminaire « Des idées en psychiatrie », nous accueillons Gilbert DIATKINE, Pédopsychiatre et psychanalyste, membre honoraire de la Société psychanalytique de Paris. Gilbert Diatkine a longtemps travaillé parallèlement comme psychiatre d’enfants en institution et comme psychanalyste en cabinet. Il a participé à la révolution psychiatrique que furent la naissance et le déploiement de la psychiatrie de secteur, offrant la possibilité nouvelle de soins psychiatriques ambulatoires pour des enfants. Cet essor de la psychiatrie infanto-juvénile en France et en Occident s’est fait autour d’une alliance entre psychiatrie et psychanalyse. Il fera au séminaire une conférence autour de ce qu’il questionne comme un possible « Divorce par consentement mutuel » entre ces deux disciplines qu’il a pourtant pratiqué pendant sa très longue carrière où clinique et théorie ont sédimenté une très vaste bibliographie. Il parlera notamment à partir de deux livres : l’un paru en 2024 : « Du divan de Freud au processus d’interprétation »l’autre à paraitre : « Pourquoi les psychanalystes ? »
Un divorce par consentement mutuel
La psychiatrie et la psychanalyse sont aujourd’hui comme l’ours polaire et la baleine blanche : leurs recherches se développent parallèlement dans une ignorance mutuelle réciproque. Au mieux, un psychanalyste peut s’intéresser aux progrès passionnants des neurosciences, mais savoir dans quelle partie du cerveau agissent les médicaments que les psychiatres utilisent, ou quels médiateurs chimiques sont à l’œuvre dans le neurone présynaptique ne l’aide en rien pour comprendre comment agit une interprétation. De même, si un psychiatre avait la curiosité de lire mon-avant dernier livre, « Du divan de Freud au processus de l’interprétation », les hypothèses que je formule sur le processus interprétatif ne lui seraient d’aucune utilité. Dans ce texte je propose l’idée que le processus interprétatif commence quand quelque chose que dit le patient rappelle à l’analyste quelque chose d’autre que le patient lui a dit antérieurement. L’analyste construit alors intérieurement en un seul instant plusieurs relations entre ce qu’il vient d’entendre et ce qu’il se remémore. Toujours en un seul instant, il choisit de garder ces constructions pour lui ou d’en communiquer une au patient sous la forme d’une interprétation. L’analyste sait qu’il a donné une interprétation exacte après-coup, si la réponse du patient lui apporte un matériel inattendu, mais qui enrichit l’interprétation qu’il avait donné. L’analyste peut alors donner une nouvelle interprétation. Naturellement, un psychiatre peut aussi se souvenir au cours d’une consultation de quelque chose que le patient lui a dit antérieurement, et s’en servir pour comprendre un symptôme. Mais le psychiatre a un grand nombre de patients, et il ne les reçoit pas plusieurs fois par semaine, mais une ou deux fois par an. Le processus interprétatif n’est possible que parce que l’analyste ne suit qu’un petit nombre de patients et qu’il les reçoit plusieurs fois par semaine. Le « dispositif » de la cure psychanalytique est la condition nécessaire au déroulement du processus, mais il n’en est pas une condition suffisante. Dans « Pourquoi des psychanalystes ? », livre co-écrit avec Liuba Rakova-Carron, nous rappelons que ce divorce entre psychiatres et psychanalystes n’aurait aucune importance si les uns et les autres ne soignaient pas les mêmes patients. Beaucoup de patients borderline ont pu vivre « des vies qui valaient la peine d’être vécues » grâce à des traitements psychanalytiques de très longue durée. Ces traitements auraient été impossible sans l’aide des médicaments régulateurs de l’humeur et neuroleptiques et sans les centres d’accueil et de crise. Les psychanalystes pourraient aider les psychiatres à comprendre l’effet paradoxal des amphétamines, qui calment les enfants agités au lieu de les exciter. L’akathisie des patients que les antidépresseurs poussent au suicide au lieu de les guérir de leur dépression pourrait s’éclairer des travaux des psychosomaticiens sur les « galériens volontaires ».
Dans un divorce réussi, les parents continuent à prendre soin ensemble de leurs enfants. Les psychiatres et les psychanalystes devraient redécouvrir des terrains comme « l’Évolution psychiatrique » pour renouer le dialogue.


Organisateurs Xavier BONNEMAISON, Clément FROMENTIN, Benjamin WEIL, Paul-Loup WEIL – DUBUC.
Lieu : Présentiel : ASM 13 – Salle 103 (1er étage) – 76 avenue Edison, Paris 13ème Visioconférence : https://us06web.zoom.us/j/82523167752?pwd=a65aqRCOpeq8KtAgDEXobIC9iVgSWh.1
Inscriptions et renseignements : benjamin.weil@asm13.org
Retrouvez les autres séances du séminaire en vidéo : https://www.youtube.com/playlist?list=PLbrq7BtEF_-Hh9uAIqyYkhXSi0m0lxQBX
