Vol 85 – N° 3 – août 2020
L’évaluation de la créativité : traduction et validation française de l’Epstein Creativity Competencies Inventory for Individual
Creativity assessment: A French translation and validation of the Epstein Creativity Competencies Inventory for Individual
Page :319-327
Lionel Delpech, Marie Lelièvre, Jean-Luc Sudres
Résumé |
Objectif |
Il s’agit de traduire l’Epstein Creativity Competencies Inventory for Individual (ECCI-i) et de vérifier les propriétés psychométriques de la version française.
Méthode |
Nous avons inclus 280 participants non-cliniques via une enquête en ligne. Les concepts évalués sont : la personnalité créative (Adjective Check List – Personnalité Créative) et l’ouverture (Big Five Inventory version française). De plus, nous avons pris en compte les caractéristiques suivantes : le fait d’être artiste, de pratiquer un art, l’expression et la fréquence de la créativité.
Résultats |
L’âge moyen de l’échantillon est de 35,1 (±12,7) ans incluant 78,6 % de femmes. L’outil traduit montre une structure en quatre facteurs solides pouvant distinguer les artistes, ceux qui pratiquent un art et les créatifs (p<.001) ainsi qu’une cohérence interne très satisfaisante (α=.82). Les scores de l’échelle sont en corrélation avec ceux du test de personnalité créative (r=.42 ; p<.001) et d’ouverture (r=.58 ; p<.001).
Discussion |
La démarche de la traduction réalisée va dans le sens d’une bonne adaptation de l’ECCI-i-FR dans la langue française, de plus nos résultats montrent une bonne validité concourante et nomologique ainsi qu’une structure et une fiabilité satisfaisantes. Avec la réunification de nos observations, il apparaît que le concept évalué par l’ECCI-i-FR est bien celui de la créativité.
Conclusion |
Cet outil propose des avantages pratiques par rapport aux tests standards de créativité francophones, rendant l’évaluation du potentiel créatif plus accessible pour la recherche théorique et clinique.
L’Échelle de Relation d’Objet et de Cognition Sociale de Westen : résultats préliminaires sur une population française d’adolescentes suicidantes hospitalisées
The Social Cognition and Object Relation Scale: Preliminary results with a hospitalized suicidal French female adolescent population
Page :329-348
Hervé Bénony, Sandrine Vatageot, Baptiste Lignier, Antoine Bioy, Jean-Paul Marnier, Christelle Viodé
Résumé |
Objectifs |
1) Dans un premier temps, nous présenterons une traduction synthétique de l’Échelle de Relation d’Objet et de Cognition Sociale de la forme dite « G » ou globale (SCORS-G) telle qu’elle a été conçue par Westen en 1985 et qui est basée à la fois sur l’expérience clinique, la recherche et la théorie. Le codage peut se faire à partir de narratifs issus d’entretiens cliniques, d’entretiens de recherche, des récits de rêve ou des récits du Thematic Apperception Test (TAT). L’auteur a identifié plusieurs domaines distincts — tels que la complexité des représentations des personnes, la tonalité affective des représentations des personnes, l’investissement émotionnel dans les relations et dans les normes morales, et la compréhension de la causalité sociale — et conceptualisés comme des processus cognitifs, affectifs et motivationnels médiateurs du fonctionnement interpersonnel. Leur but est de capter des schémas, des attentes, des affects, des désirs, des fantasmes et des conflits que la personne met en jeu dans ses relations interpersonnelles. 2) Dans un deuxième temps, nous souhaitons relater les résultats préliminaires d’une étude auprès d’adolescentes suicidantes hospitalisées et d’adolescentes non cliniques.
Méthode |
Nous avons retranscrit (verbatim) 31 entretiens d’attachement (AAI) qui ont été codés indépendamment par trois codeurs avec la SCORS-G. La fidélité intercotateur est d’un niveau tout à fait acceptable.
Résultats |
Les adolescentes suicidantes hospitalisées ont des scores significativement inférieurs à ceux du groupe contrôle et ce, pour les quatre dimensions de la SCORS (de p<0,004 à p<0,0001 selon les domaines). En nous basant sur les résultats globaux du groupe clinique, nous pourrions dire que leurs représentations de soi et d’autrui ne sont pas clairement différenciées et intégrées, qu’elles ont une capacité mineure d’élaboration de la vie mentale ; que leurs attentes et leurs attributions interpersonnelles ont une coloration affective mixte mais néanmoins plutôt négative ; que leur investissement à l’égard des personnes et des valeurs morales reste conventionnel et stéréotypé mais avec présence de culpabilité vis-à-vis de la transgression de la morale ; et qu’enfin leurs descriptions des événements interpersonnels comportent des lacunes ou des incongruités qui imposent un « travail » pour les comprendre pleinement. A contrario, les adolescentes non cliniques décrivent les personnes de manière plus évoluées, ont conscience de l’impact de leurs conduites sur les autres, relatent des expériences subjectives plus complexes avec une sensibilité affective mixte et équilibrée mais plutôt positive.
Discussion |
La description des relations montre l’existence de sentiments conventionnels d’amitié, d’attention, d’amour et d’empathie dans les relations. Le sujet est concerné par les valeurs morales, ressent de la culpabilité et respecte les figures d’autorité. Les narrations sur les relations sont franches, claires et directes, les actions des individus proviennent de la façon dont ils ressentent et interprètent les situations.
Conclusions |
Résumé |
Objectifs |
1) Dans un premier temps, nous présenterons une traduction synthétique de l’Échelle de Relation d’Objet et de Cognition Sociale de la forme dite « G » ou globale (SCORS-G) telle qu’elle a été conçue par Westen en 1985 et qui est basée à la fois sur l’expérience clinique, la recherche et la théorie. Le codage peut se faire à partir de narratifs issus d’entretiens cliniques, d’entretiens de recherche, des récits de rêve ou des récits du Thematic Apperception Test (TAT). L’auteur a identifié plusieurs domaines distincts — tels que la complexité des représentations des personnes, la tonalité affective des représentations des personnes, l’investissement émotionnel dans les relations et dans les normes morales, et la compréhension de la causalité sociale — et conceptualisés comme des processus cognitifs, affectifs et motivationnels médiateurs du fonctionnement interpersonnel. Leur but est de capter des schémas, des attentes, des affects, des désirs, des fantasmes et des conflits que la personne met en jeu dans ses relations interpersonnelles. 2) Dans un deuxième temps, nous souhaitons relater les résultats préliminaires d’une étude auprès d’adolescentes suicidantes hospitalisées et d’adolescentes non cliniques.
Méthode |
Nous avons retranscrit (verbatim) 31 entretiens d’attachement (AAI) qui ont été codés indépendamment par trois codeurs avec la SCORS-G. La fidélité intercotateur est d’un niveau tout à fait acceptable.
Résultats |
Les adolescentes suicidantes hospitalisées ont des scores significativement inférieurs à ceux du groupe contrôle et ce, pour les quatre dimensions de la SCORS (de p<0,004 à p<0,0001 selon les domaines). En nous basant sur les résultats globaux du groupe clinique, nous pourrions dire que leurs représentations de soi et d’autrui ne sont pas clairement différenciées et intégrées, qu’elles ont une capacité mineure d’élaboration de la vie mentale ; que leurs attentes et leurs attributions interpersonnelles ont une coloration affective mixte mais néanmoins plutôt négative ; que leur investissement à l’égard des personnes et des valeurs morales reste conventionnel et stéréotypé mais avec présence de culpabilité vis-à-vis de la transgression de la morale ; et qu’enfin leurs descriptions des événements interpersonnels comportent des lacunes ou des incongruités qui imposent un « travail » pour les comprendre pleinement. A contrario, les adolescentes non cliniques décrivent les personnes de manière plus évoluées, ont conscience de l’impact de leurs conduites sur les autres, relatent des expériences subjectives plus complexes avec une sensibilité affective mixte et équilibrée mais plutôt positive.
Discussion |
La description des relations montre l’existence de sentiments conventionnels d’amitié, d’attention, d’amour et d’empathie dans les relations. Le sujet est concerné par les valeurs morales, ressent de la culpabilité et respecte les figures d’autorité. Les narrations sur les relations sont franches, claires et directes, les actions des individus proviennent de la façon dont ils ressentent et interprètent les situations.
Conclusions |
Ainsi, par ce travail spécifique, nous pouvons apprécier le rôle des processus mentaux dans la formation des pensées, des sentiments, des conduites et des interactions interpersonnelles.
On the clinical usefulness of the Lacanian notions of compensation and suppléance with psychotic subjects
Page :349-363
Mickaël Peoc’h
Résumé |
Objectifs |
La théorisation lacanienne de la psychose postule qu’il existe une unité de la structure, et introduit de fait qu’il y a à penser un continuum entre les expressions symptomatologiques bruyantes, nécessitant une hospitalisation, et les expressions plus discrètes, qu’il s’agisse de sujets non-décompensés, ou de sujets rétablis. On parle alors de structure psychotique compensée ou suppléée. L’abord psychanalytique suppose de plus de repérer la fonction et la dynamique du symptôme dans l’économie subjective. Il convient selon nous de montrer la pertinence clinique d’une distinction entre compensation et suppléance pour orienter le travail avec un sujet psychotique. Cette étude s’attache à montrer l’intérêt de différencier le symptôme suivant sa fonction.
Méthode |
Une revue systématique des textes et écrits de Lacan a été conduite, autour des mots-clés de « compensation », « compenser », « suppléer » et « suppléance ». Toutes les occurrences pouvant se référer à la psychose ont été conservées, et organisées chronologiquement pour tenter de rendre patente l’évolution ou non de ces concepts. Dans un second temps, la littérature post-lacanienne francophone a été passée en revue autour de ces termes également. Une mise en tension avec les travaux évoquant les psychoses ordinaires, discrètes et/ou rétablies a été menée.
Résultats |
Aucune définition ne semble s’être jusqu’à présent déposée autour des termes de compensation et de suppléance. Il apparaît cependant possible et opérant de supposer une distinction entre les modalités de symptômes parant aux effets de la psychose clinique (compensations), et l’invention subjective qui prend appui sur plusieurs compensations pour produire un nouage apte à soutenir une énonciation (suppléance).
Discussion |
Une telle partition reste sans valeur pronostique ni qualitative. Compensation et suppléance sont deux termes qui se différencient logiquement, mais dont la solidité reste en partie dépendante des contingences de l’environnement. Il convient de plus de veiller à ne pas utiliser cette distinction sémantique comme nouvelle catégorisation des symptômes.
Conclusion |
Il semble pertinent de distinguer symptômes compensant les effets de la psychose et les suppléances. Cette partition possède un intérêt théorique et une portée clinique intéressante : cela permet par exemple de penser dans un continuum théorique les différentes périodes de maladie et de rétablissement. Cette distinction devrait permettre également de mettre en exergue la nature dynamique du symptôme, soit le processus de création en cours d’une élaboration subjective.
La réponse institutionnelle à l’anorexie mentale
Institutional responses to anorexia nervosa
Page :365-374
Jean-Philippe Guéguen
Résumé |
Objectifs |
À travers cet article, nous interrogeons la pertinence des réponses institutionnelles et ses implicites théoriques dans la prise en charge des patients souffrant d’anorexie mentale. Nous démontrons l’intérêt de penser un cadre de soins s’appuyant sur la théorie psychanalytique dans un contexte où la sauvegarde narcissique passe par un enjeu centré sur le corps.
Méthode |
Nous nous appuyons sur notre expérience clinique en milieu hospitalier dans un service de psychiatrie pour adolescents jeunes adultes. Nous partons de la question du corps qui est au centre de cette pathologie. Face à un corps qui est monstration, qui a perdu tout effet de contenance et est un enjeu de survie psychique, nous interrogeons les différentes formes que peut prendre la réponse institutionnelle : rôle pare-excitant, rôle de contenance, rôle de différenciation entre le « dedans » et le « dehors ». Ces réponses institutionnelles sont évoquées en s’appuyant sur la théorie analytique en tentant de penser la relation d’objet vécue par ces patients comme jamais satisfaisante.
Résultats |
Nous constatons l’importance de définir un cadre de soins qui soit différent de la notion de « contrat ». Cadre de soins qui doit être parlé avec le patient en lui laissant le temps de se l’approprier. Nous insistons sur le travail institutionnel et la notion de transfert institutionnel pour que les équipes puissent supporter la destructivité de ces patients, sans se sentir elles-mêmes détruites. Un exemple clinique souligne l’importance pour les patients de retrouver une forme d’auto-érotisme quand ils se retrouvent seuls face à eux-mêmes.
Discussion |
La séparation du milieu environnemental est souvent critiquée dans la prise en charge de l’anorexie. Nous observons que la séparation permet à l’institution de jouer le rôle de moi auxiliaire dans un contexte où la relation d’objet est vécue comme insuffisante et/ou trop intrusive.
Conclusion |
Il est important pour une institution de définir ses implicites théoriques, en particulier dans la prise en charge des pathologies de l’adolescence. L’approche psychanalytique permet de mieux comprendre la destructivité et les enjeux de survie psychique. Elle est un outil précieux pour aborder la relation au patient et pour l’aider à sortir de son chaos interne.
La structure et la temporalité du dédoublement subjectif dans la perspective de l’œuvre de Maupassant
The structure and the temporality of the double in the perspective of Maupassant’s work
Page :375-388
Raphaël Tyranowski
Résumé |
Objectif |
Depuis le début du XXe siècle la question du double hante les psychopathologues de divers horizons. Pourtant même les travaux contemporains laissent toujours une zone d’ombre concernant la fonction subjective du dédoublement. Dans le présent travail il s’agira d’examiner ce phénomène pour en proposer une interprétation conceptuelle.
Méthode |
Nous allons reprendre un exemple clinique devenu classique dans la phénoménologie du dédoublement, le cas de la vie et de l’œuvre de Maupassant, pour le mettre à l’épreuve du concept de temporalité structurale de la subjectivation psychotique de la jouissance telle qu’elle peut être conceptualisée par la psychanalyse contemporaine. Pour approcher le tableau du dédoublement dans cette perspective, il nous faut dépasser le regard fasciné par la coupe synchronique du phénomène pour l’inscrire dans la diachronie d’une logique temporelle de la psychose susceptible d’expliquer ses étapes.
Résultat |
L’élaboration nous introduira à une clinique différentielle des diverses modalités temporelles de la subjectivation délirante du double qui enrichit la compréhension de la dynamique subjective de l’œuvre littéraire et sa fonction dans l’expérience psychotique.
Discussion |
En reprenant au fil de notre réflexion les références psychiatriques et psychanalytiques concernant la question du double nous démontrons la pertinence de l’abord structural du problème.
Conclusion |
Résumé |
Objectif |
Depuis le début du XXe siècle la question du double hante les psychopathologues de divers horizons. Pourtant même les travaux contemporains laissent toujours une zone d’ombre concernant la fonction subjective du dédoublement. Dans le présent travail il s’agira d’examiner ce phénomène pour en proposer une interprétation conceptuelle.
Méthode |
Nous allons reprendre un exemple clinique devenu classique dans la phénoménologie du dédoublement, le cas de la vie et de l’œuvre de Maupassant, pour le mettre à l’épreuve du concept de temporalité structurale de la subjectivation psychotique de la jouissance telle qu’elle peut être conceptualisée par la psychanalyse contemporaine. Pour approcher le tableau du dédoublement dans cette perspective, il nous faut dépasser le regard fasciné par la coupe synchronique du phénomène pour l’inscrire dans la diachronie d’une logique temporelle de la psychose susceptible d’expliquer ses étapes.
Résultat |
L’élaboration nous introduira à une clinique différentielle des diverses modalités temporelles de la subjectivation délirante du double qui enrichit la compréhension de la dynamique subjective de l’œuvre littéraire et sa fonction dans l’expérience psychotique.
Discussion |
En reprenant au fil de notre réflexion les références psychiatriques et psychanalytiques concernant la question du double nous démontrons la pertinence de l’abord structural du problème.
Conclusion |
La subjectivation du double, loin de se réduire à une simple manifestation d’un trouble, exprime, au moins dans certains cas, une tentative d’auto-agencement subjectif de la psychose qui permet au sujet d’éviter la déstructuration dissociative.
Spécificités des dispositifs thérapeutiques à médiation « jeu vidéo » : vers une évaluation qualitative
Specificities of group therapies with video games: Towards a qualitative evaluation
Page :389-397
Johann Jung, Guillaume Gillet
Résumé |
Objectifs |
À partir de la mise en place d’un cadre-dispositif de groupe thérapeutique à médiation « jeu vidéo » dans une institution de soin, les auteurs explorent les spécificités de ce dispositif dans une visée d’évaluation qualitative. Sont abordés successivement l’appareillage du joueur au dispositif technique ainsi que les formes de transfert et de symbolisation que la pratique du jeu vidéo en groupe mobilisent.
Méthode |
Selon une perspective psychodynamique, les auteurs cherchent à repérer les ressorts thérapeutiques d’un dispositif à médiation jeu vidéo en décrivant la fonction qu’occupe le médium jeu vidéo ainsi que les processus psychiques que ce dernier induit dans l’établissement et le déploiement du transfert et des processus de symbolisation. En appui sur leur expérience clinique, plusieurs hypothèses sont proposées concernant la nature des liens qui se tissent entre le joueur, la machine, l’environnement virtuel-numérique et la groupalité.
Résultats |
L’utilisation du médium jeu vidéo dans un cadre groupal conduit à dégager deux types de transfert spécifiques. D’une part, et de façon complémentaire à un transfert par « diffraction sensorielle », les auteurs décrivent « un transfert par focalisation sensorielle » opérant par synthèse et rassemblement, qui s’étaye sur les propriétés attractrices du médium en contribuant à l’établissement d’un sentiment d’immersion sensorielle. D’autre part, à partir de l’appareillage du joueur à la machine, ils définissent un « transfert de processus » opérant par délégation de certaines caractéristiques de son fonctionnement psychique à l’environnement virtuel-numérique et à ses fonctionnalités. Sont abordées ensuite, au sein de cette configuration transférentielle, quelques spécificités des processus de symbolisation, en particulier de ses formes primaires, en lien avec les propriétés du médium.
Discussion |
L’ensemble de ces hypothèses, illustrées par quelques exemples cliniques, permettent d’identifier les fonctions qu’occupent le médium jeu vidéo dans l’établissement des processus transférentiels et des processus de symbolisation. Ils permettent également d’entrevoir l’agencement de la groupalité induit par l’utilisation « à tour de rôle » du médium jeu. Ceci conduit à penser l’objet-écran comme un fond commun groupal partagé sur lequel le joueur « aux commandes » s’étaye pour s’approprier ses propres expériences subjectives.
Conclusion |
Ces différentes propositions concourent à mieux prendre en compte les spécificités de la pratique thérapeutique du jeu vidéo en groupe, et permettent d’approcher, dans une perspective d’évaluation qualitative, les processus qui sous-tendent les potentialités thérapeutiques de ce dispositif.
Rire de soi : étude d’un Moi contorsionniste
Laughing at ourselves: A study of the Contortionist Ego
Page :399-406
Mansuy Colin, Jean-Michel Vives
Résumé |
Objectif |
Cet article vise à approfondir notre compréhension de l’attitude humoristique à travers le prisme de l’humoriste lorsque celui-ci se prend pour objet.
Méthode |
En prenant appui sur le texte intitulé l’Humour (1927), nous commencerons par discuter le problème de l’étrange surmoi qui apparaît, sous la plume de Freud, particulièrement conciliant et rassurant. Nous proposerons alors de résoudre ce paradoxe en replaçant le Moi au centre du processus. Cette variation sera l’occasion, au travers d’un exemple personnel, de cerner de quelle manière le Moi en vient à se considérer lui-même comme objet d’une perception humoristique.
Résultat |
Il apparaît que la capacité à rire de soi dépend davantage de l’habilité du Moi à faire avec l’agression surmoïque que de la qualité du Surmoi en lui-même. Face à une injonction surmoïque sidérante, le Moi consent à la cassure. Cependant, en faisant exister conjointement deux états différents, il devient capable d’en percevoir l’éventuelle différence comique. Ce mécanisme psychique fait ainsi de l’humour un des rares outils susceptibles de nous faire entendre une réalité dérangeante tout en permettant au Moi un gain narcissique.
Discussion |
De manière plus générale, il apparaît que l’humour est un moyen particulièrement approprié d’harmoniser un bref instant les revendications, non seulement du Moi et du Surmoi, mais également du Ça et de la réalité extérieure.
Conclusion |
En accord avec la conception freudienne, la capacité à se considérer soi-même avec humour pourrait bien être un des moyens les plus élaborés de permettre une maturation psychique importante sans pour autant négliger les aspects douloureux de la réalité extérieure.
Clinique des expériences de mort imminente : du vécu agonistique aux formes extrêmes de symbolisation
Clinical aspects of near death experiences: From agonistic experiences to extreme forms of symbolization
Page :407-426
Thomas Rabeyron, Anna Bergs
Résumé |
Objectifs |
Nous proposons dans cet article une analyse des Expériences de Mort Imminente (EMI) afin de mieux comprendre les processus psychiques qui les caractérisent, leurs effets après-coup et la manière d’accompagner au mieux les personnes qui les rapportent.
Méthode |
Une brève revue de littérature concernant les EMI et les différents modèles explicatifs qui tentent d’en rendre compte introduisent ce travail. L’analyse d’entretiens de recherche menés auprès de dix personnes qui ont vécu une EMI selon une approche phénoménologique et psychodynamique est ensuite proposée. Notre objectif fut ainsi de préciser le contexte d’émergence de l’EMI, son inscription subjective et ses effets après-coup en explorant la vie psychique du sujet au-delà de l’expérience elle-même.
Résultats |
L’EMI apparaît comme une solution psychique spécifique en lien avec différentes formes de vécus traumatiques. Les éléments qui composent l’EMI témoigneraient du processus de symbolisation de ces vécus selon une réponse graduelle en fonction de la profondeur de l’expérience. Plusieurs éléments phénoménologiques des EMI (sorties hors du corps, revue de vie et rencontre avec un être spirituel) seraient plus précisément la conséquence du déploiement du processus de symbolisation par une auto-représentation des processus réflexifs ainsi qu’une dissolution des catégories usuelles de l’expérience. Ces processus engendrent fréquemment de profonds remaniements psychiques dont le destin dépendra du potentiel symboligène de l’expérience, celui-ci étant en attente du passage par un objet « autre-sujet » pour déployer pleinement ses effets.
Discussion |
Les EMI apparaissent comme une constellation phénoménologique complexe à la rencontre de facteurs biologiques, psychiques et culturels. Elles représentent un organisateur expérientiel qui rassemble des éléments phénoménologiques épars en un ensemble cohérent. Lorsque certaines conditions de l’expérience et son élaboration après-coup sont réunies, les EMI produisent des processus transformationnels donnant parfois lieu à de véritables métamorphoses subjectives. L’EMI apparaît ainsi comme une expérience de réanimation psychique qui permet de « réanimer » la psyché en parallèle de la réanimation du corps qui lui est parfois simultanée.
Conclusion |
Les EMI représentent une forme extrême de solution paranormale dont la survenue est favorisée par certains facteurs de personnalité et un contexte traumatique. Lors de cette expérience, la relance du processus de symbolisation et l’appropriation subjective d’expériences laissées en souffrance induisent de potentielles transformations du sujet dans son rapport à lui-même et aux autres. Comme toute expérience aux limites du processus de symbolisation, l’EMI nécessite la rencontre avec un autre afin que puisse advenir entièrement ce potentiel symboligène. Il conviendra donc que les cliniciens confrontés à ces vécus accompagnent leur intégration avec contenance et ouverture.
La féminité au très grand âge : destin de l’identité sexuée
Femininity in very old age: Destiny of a sexual identity
Page :427-437
Frédéric Brossard, Priscilla Poitevin
Résumé |
Objectifs |
Les principales études actuelles se focalisant sur le destin de la féminité excluent le champ du très grand âge. L’objectif de ce travail est donc de cerner quelles formes celles-ci pourraient emprunter à ce moment de la vie.
Méthode |
À partir d’une psychothérapie réalisée pendant 6 ans avec une personne nonagénaire, manifestant ses pensées, ses hallucinations et ses fantasmes, nous poserons l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’une voie d’expression de la féminité à cette extrémité de la vie. Dans un contexte institutionnel, un psychologue d’orientation psychanalytique la rencontre à fréquence d’un entretien mensuel. Rester désirable quand tout objet externe tend à disparaître constitue sans doute l’un des principaux défis à cette étape. Afin d’analyser ce matériel clinique, nous faisons appel au paradigme phénoménologique et psychanalytique. Le premier permet de situer la patiente en tant qu’auteure et sujet de son expérience. Le second propose d’apporter une analyse dans l’après-coup par le biais du référentiel théorique freudo-lacanien.
Résultat |
Par cette partie, visant une articulation théorico-clinique, dans un premier temps, les hallucinations et leurs principaux mécanismes retiendront notre attention ainsi que la parole qui s’y rattache. Il s’agit de la manifestation du désir du sujet. Les différences entre les hallucinations se présentant dans l’hystérie ou dans la psychose sont étudiées ainsi que les rôles du féminin et de la maternité. Les diverses formes empruntées sont mises en relief éclairant ce qui de ces identités s’exprime au grand âge.
Discussion |
Ces éléments peuvent aider à orienter l’accompagnement psychothérapique. Ils aident également à percevoir dans ces manifestations psychiques souvent récurrentes à cet âge ce que le sujet énonce.
Conclusion |
Au-delà du cadre purement psychique, les résultats de cette étude viennent questionner les politiques appliquées au vieillissement notamment les objectifs de certains projets intergénérationnels axés principalement sur le maternel.
À propos de…
À l’obscurité lumineuse d’un « passage à l’acte éclairé » : djihadisme, littérature et au-delà. Àpropos de…« Nouvelles remarques sur le passage à l’acte » de Jean Allouch
Page :443-447
Stéphane Gumpper
Paris et la folie. À propos de… « La folie à Paris » de Benoît Majerus
Page :449-451
Charles De Brito